Récit

vendredi 12 mars 2010
par jeanpaul
popularité : 100%

JPEG - 151.9 ko

Photo JPGury

Domjulien depuis le Haut Bois A l’arrière plan, le Montfort.

 Le nom, les origines

JPEG - 123.6 ko

eaux fortes de Raymond Nègre (1)

Domjulien doit son nom à son patron : St Julien, Domus Julianus,. Au cours des siècles, ce nom fut modifié avant de garder son orthographe actuel.

1255 :DONJELIEN, DOMPJULIEN, DESSOULEZ-MONTFORT , DOMPJUILIEN
1433 : DOMPJULLEN
1789 : DOMJULLIEN
puis DOMJULIEN

St Julien soldat et martyr est le protecteur des soldats du village ; tous vous diront que partis sous sa protection au nombre de 45 à la guerre de 1870, tous revinrent sains et saufs. Il n’en fut pas de même , hélas en 1914-18.

Les habitants étaient connus dans les villages voisins sous le surnom de «  queuches de bians polains  » ???

(1)Raymond Nègre, originaire de Domjulien était décorateur de scène à l’ORTF à Paris.

 Situation géographique

Bâti presque à la source de la Vraine (au pied du Montfort, au bois Lodot à 285mètres d’altitude, le village est entouré de collines, plantées de mirabelliers : A l’est, le Moulin à Vent (vue sur la colline de Sion) , le Mont St Michel ( très ancien monastère entièrement détruit) surmonté d’une statue de la Vierge après la guerre 1939-45 magnifique point de vue sur les montagnes des Vosges par temps favorable. Au nord, Le Haut bois et le Prenzoir suivi du Calvaire (forêt communales) A l’ouest, le Gingre Au sud le Bramont, le petit Montôt et le Grand Montôt, point culminant avec le Montfort au sud est ( panorama sur Vittel et ses alentours) En hiver, la seule sortie facile après les tempêtes de neige est la route vers Gemmelaincourt D’après les cartes d’Etat Major, il est situé 6 degré longitude Est et 48 degré latitude Ouest, dans la région dite la « Plaine des Vosges »

JPEG - 466.5 ko

extrait de la carte de Cassini 18° siècle

 Passé Historique

JPEG - 17 ko

Photo JPGury

Les Armes d’Antoine de Ville, Seigneur de Domjulien, situées à la clef de voûte du chœur de l’église.

A l’origine la région de Domjulien appartenait à la tribu gauloise des Leuques ; de nombreux villages existaient dans la plaine, le long des ruisseaux, dans des clairières au milieu des grands bois et mettant à l’abri autant que possible du vent du nord le village.

L’évangélisation se propagea à partir des centres Gallo-romains de Grand et de Soulosse : St Elophe et ste Menne.

Son origine se perd dans l’ignorance ; il remonte probablement au traité de Verdun en 943 qui donna le pays à Lothaire, Lotharingie et plus tard, Haute Lorraine et Lorraine.

Il est parlé de Drogan de Domjulien dans une bulle d’Alexandre III pour la confirmation des biens du Prieuré de Chatenois en 1173.

Par lettre patente du 24/05/1415, confirmées par Léopold le 21/8/1702, des foires et marchés furent établis dans le village. Le 23/7/1433, le Duc René permit aux héritiers d’Antoine de Ville de faire lever et dresser une haute justice appelée gibet, à deux piliers sur la terre de Domjulien (plateau de la Justice).

Le village fut donné à Jean de Rosières vassal de Gérard d’Alsace en 1292 par le duc Ferry III. Il appartenait au XV° siècle à la famille D’Antoine de Ville(2), vassal des comtes de Vaudémont ,puis a la famille du Châtelet, de Bilderstein et aux de Ravinel. Le seigneur du Montfort, construit vers 1050, rendait la justice. (3).

Les faits qui troublaient le pays furent surtout d’ordre militaire, heureusement peu nombreux. Aux XV° et XVI° siècle, la Lorraine fut le théâtre d’opération militaires. Epinal étant ville Française à l’époque-1444 à1466), vers 1461 Louis XI ayant donné la ville au Duc de Bourgogne Charles le Téméraire, les spinaliens refusèrent de lui rendre hommage et de le considérer comme suzerain.

Laissés libre de se choisir un prince, ils se rallièrent au Duc de Lorraine ? Mais le Duc de Bourgogne voulant récupérer son bien lança de Châtel une bande d’aventuriers sur Epinal. commandé par le seigneur de Rivières. Le gouverneur d’Epinal Tierstin dit « l’Enragé » emmena les garnisons de Charmes et de Bruyère à Domjulien pour opérer une diversion et soulager la place assiégée. Renseigné sur les mouvements très lents de leurs adversaires ; il faut savoir qu’à l’époque les aventuriers traînaient avec eux leurs familles et le fruit de leurs rapines. Les centaines de voitures qui suivaient rendaient la marche lourde et lente. Les Lorrains leur tendirent une embuscade on ne connaît pas exactement le lieu : on pense au pied du bois Lodot et pourtant, au bas du Bramont, vers Domjulien existe le lieu-dit « le Bourguignon » avec la fontaine du Bourguignon où répète-t-on les Bourguignons faisaient boire leurs chevaux. Attaqués de toutes parts , les aventuriers furent mis en pièces ; leurs enseigne fut capturée. Y figurait une Licorne avec la devise « A moy ne tient ». Le chef de Rivières fut capturé et enfermé dans la prison seigneuriale, que l’on voit encore derrière la Halle d’Henri Canel(4) . Malheureusement, il s’évada et sa rançon fixée à 10000 florins fut payée par le seigneur et les habitants du village.

Quelques années plus après en 1474 un autre prisonnier important fut incarcéré dans cette prison ? Guillaume de Joncourt ? mais cette fois, la leçon avait portée. Bien gardé, ce furent ses proches qui payèrent la rançon..

La population était peu nombreuses, les famines périodiques, la maladie empêchant son augmentation.

(2)Voir récit sur la conquête du mont Aiguille par Antoine de Ville

(3)Voir les « notes sur Montfort » de Didot

(4)Aujourd’hui maison d’habitation de la famille Génot-Drouin

JPEG - 171.2 ko

Photo JP Gury

Pierre découverte lors de travaux dans une maison de Domjulien, certainement récupérée sur les ruines du château et utilisée pour la construction de l’ habitation elle était cachée, intégrée dans le mur.

 La Guerre de Trente ans.

Puis arriva de 1618 à 1648 la hideuse guerre de Trente ans. Le village occupé par les français ou les ennemis du moment était pillé de fond en comble . L’assassinat était courant : un soldat de l’époque disait : « malheur à celui qui à peur de tuer un paysan. ».

Plus de bestiaux, plus de récoltes, les femmes pourchassées comme du gibier. Les suédois avant de quitter le pays brûlèrent les maisons de tous les villages, coupèrent la plus grande partie des arbres fruitiers et fauchèrent les blés en vert. Les habitants survivants s’étaient réfugiés dans les forets , nombreuses encore à cette époque, moment de misères et de faim, surtout en 1638. Remoncourt n’avait plus que 10 habitants, Viviers les Offroicourt aucun, Harréville 13, Domjulien 15 à 20.

En temps ordinaire, quand un péril était proche, généralement des bandes d’écorcheurs, anciens mercenaires sans emplois, grandes compagnies de la guerre de cent ans qui ravageaient les campagnes, tout le monde gagnait le château du Monfort qui dépendait du Paladin de Champagne ( ?) que les pillard n’attaquait pas.

Ce château fortifié fut détruit le 7 juillet 1645 (1) sur ordre du diabolique cardinal Mazarin en même temps que La Mothe et presque tous les châteaux de notre cher pays Lorrain.

Les ruines servirent à construire à l’emplacement de l’ancienne localité de Sugène la« Neuveville sous Montfort.. »

En 1636 Domjulien,obtenait une remise des ¾ de ces impôts, vu que le village était en partie incendié et la population diminuée des 2/3 . Le marché du mardi et les foires annuelles du 26 mai et du 22 septembre ne furent rétablies qu’au début du siècle suivant et les lettres patentes disent que le malheur des guerres avaient contraint les habitants à fuir le village. De 97 habitants en 1710, la population remonte à 650 en 1830, à 725 en 1845.

Le village dévasté, incendié, renaissait lentement (2).. Les ponts étaient détruits, les hommes et les femmes attelés aux charrues essayaient d’arracher au sol inculte une maigre récolte .

Puis survinrent les disettes de 1702-1703 ; les habitants mouraient sur les chemins tellement maigres qu’ils ne pourrissaient pas. 1709 fut un comble, l’été très humide ne permit pas de rentrer les moissons. Il faut savoir qu’au XVIII° siècle, il fallait 3 quintaux de blé pour nourrir une personne pendant une année. L’hiver très froid fit sortir les loups des bois, ils venaient jusque dans les rues. Malheur aux chiens et aux personnes attardées. Devant pareille situation, le pays était presque désert. Les autorités firent une certaine propagande dans les provinces moins éprouvées pour repeupler la Lorraine.

On promettait à ceux qui voulaient partir pour aller en Lorraine, Que l’on prêcherait l’évangile St Jean, qu’on leur remettrait des terres et des maisons encore habitables, enfin que les impôts et redevances seraient diminuées des 2/3

Le résultat ne fut pas très encourageant puisque en 1710, la population étaient seulement de 97 âmes.

L’état sanitaire était médiocre, rapport à la malnutrition, la tuberculose décimait des familles entières. Une maladie de la peau, genre eczéma était considérée par ignorance comme la lèpre. Le malade était conduit à l’église, le prêtre chantait l’office des morts, puis en procession, comme pour un enterrement on allait à la Maladière ( depuis 1911 le cimetière) où le malheureux ou la malheureuse était abandonné à son triste sort , quelque soit la saison, avec interdiction absolue de parler ou de s’approcher de quiconque. La misère, le froid en avaient heureusement rapidement raison, abrégeant sa souffrance.

(1)Date à vérifier (2)Voir « Histoire d’une maison » de Domjulien

 Sous Louis XIV

Le règne de Louis XIV finissait par un désastre financier, ce qui lui interdit de faire de nouvelles guerres. La Lorraine respira. Puis LouisXV régna en 1715 et se maria à Marie Leczinski, fille du roi de Pologne, Stanislas Leczinski. La Pologne ayant été partagée entre ses voisins Prusse, Russie et Autriche, la Lorraine faisant partie du St Empire, par échange et par le mariage de son duc, avec le duché de Toscane, le traité de Vienne 1738 accorda la Lorraine en compensation à Stanislas avec le Comté de Bar, échangés par le Duc François marié à Marie-Thérèse, fille de CharlesVI d’Autriche, à la condition qu’à la mort de Stanislas, la Lorraine et le Barrois deviendraient français et ce, le 23 février 1766.

A partir de cette date, Domjulien devint français et appartint au département des Vosges depuis le 4 mars 1790.

 La culture de la pomme de terre.

La culture et la consommation de la pomme de terre étaient sujette àbien des méfiances . On la cultivait en Allemagne et bien avant sa connaissance en France, des colporteurs venant d’outre Rhin vendaient à bas prix des épluchures à planter . Après bien des réticences, quelques paysans essayèrent de les mettrent en terre et à leur grande surprise, des tiges poussèrent et à l’automne, des tubercules comestibles furent retirés de la terre.

Vers 1775, toute la paroisse étaient ensemencée. Cette nouvelle plante aimait particulièrement les terres légères ; La culture se fit surtout sur les plateaux : La Justice,Haie Moreau, Mamougeotte. La culture de la pomme de terre eut deux conséquences majeures à Domjulien comme dans toute la Lorraine : Faire disparaître le spectre hideux de la famine si fréquente dans la 1° partie du 18° siècle

De permettre avec les surplus des pommes de terre d’élever des porcs, alors qu’avant, ils étaient nourris avec des glands pâturer dans les forêts après paiement d’une taxe au seigneur du lieu. L’abattage du porc annuel dans chaque famille devint usuel (1) Le mode de nourriture fut changé du tout au tout.

Note de JPG :

(1)Je me souviens encore des joyeuses agapes à l’occasion de cet événement, les voisins et la famille étaient invités pour ce jour-là a partager la fricaudelle c ad que l’on mangeait les abats : foie emballé dans la « toilette » le diaphragme, et autres glandes délicieusement préparée, le tout arrosé d’un excellent vin gris du Champé. Le boudin noir, l’andouille et les pieds salés et la soupe de queue de cochon me font encore venir l’eau à la bouche. Cet événement avec les vendanges et les battages du grain en novembre restent mes meilleurs souvenirs d’enfance à la ferme. Tous ces travaux nécessitaient l’aide des voisins et de la famille plus ou moins proche et prétextaient à des repas pantagruélique .

 La Révolution

Un cahier de Doléance fut rédigé par Mr Labrosse de Domjulien, conseillé à la cour du Roi.Détails dans une prochaine rubrique.

Le curé de la paroisse, l’abbé Labrosse ayant refusé de prêter serment à la constitution, l’église fut fermée en 1791 pour 10 ans et servit de salle de réunion aux sans culottes.

Les biens du clergé furent vendus en faisant savoir aux paysans acheteurs qu’ils n’avaient pas intérêt au retour des nobles car leur acquisitions seraient reprises. Pendant la terreur de Paris, l’abbé Antoine de Ravinel, fils du seigneur de Domjulien résidant à Bayon fut guillotiné avec 27 de ses confrères lors des massacres de septembre 1792.

En souvenir de son fils, le baron de Ravinel fonda une bourse au Grand séminaire en faveur d’un enfant de Domjulien. Par décret du 23 juillet 1793, il fut prescrit aux communes disposant de 3 cloches d’en livrer immédiatement 2 pour fabriquer des canons. Il resta à Domjulien la moyenne, la grosse et la petite furent jetées par les fenêtres du clocher ; elles éclatèrent en morceaux qui prirent le chemin de la fonderie. Le culte n’existait plus, le dimanche étant remplacé par la décade. Un sans culotte essaya d’arracher la statue de pierre de la vierge de l’église à l’aide d’une corde : la tête se détacha et lui cassa le bras, qui selon la tradition ne se remis pas.

Le 2 février 1794, fut guillotiné à Metz l’abbé Gilbert né à Domjulien le 14 février 1765, prêtre réfractaire pris lors d’un passage d’une rivière à la nage en tentant de regagner la Belgique ou le Luxembourg (1)..

L’église fut rouverte au culte ‘ à la joie de la population au milieu du mois de février 1801.

(1) Voir le récit de l’exil et de la condamnation de Pierre Gilbert

JPEG - 27.8 ko

 Les campagnes de la République et du 1°Empire .

Ces campagnes ne firent aucune victime à Domjulien. Après 23 ans de guerre, la paix régna.

En 1845, Domjulien atteint le nombre maximum d’habitants : 725. La fête patronale fixée au 1° dimanche de Septembre (1) se tenait à la Grande Rosière, sur la route de They. Nombreux parents et amis des villages voisins s’y rendaient.

 Le Choléra

Le choléra sévit dans le village en 1852, mais surtout en 1854. Cette année, le fléau débuta en juin pour attendre son paroxysme à la moisson et s’atténua fin septembre. 106 personnes moururent , presque toutes du Queniot et du Pâquis, le foyer épidémique se tenant sur les bords de la Vraine.

Chaque matin, le prêtre passait avec une voiture pour ramasser les cercueils , accompagné dit la tradition familiale par la fille ou la sœur de l’instituteur, Mr Moinot, qui ensevelissait tous les morts et qui reçu une distinction (2). On ne sonnait plus le glas, plus de messe d’enterrement ; après une courte prière devant l’église, la voiture se dirigeait au St Embouche, à gauche de la route de They, où se faisait l’inhumation. Ce lieu est toujours connu sous le nom « Cimetière du choléra » et à été planté en acacias (3).

La population a ardemment priée St Roch, patron des épidémies.

(1)Aujourd’hui, la fête est le 4° dimanche de septembre

(2) ?

(3)Ce lieu n’est plus marqué car il a été englobé par le remembrementen en 1969, les acacias ont été coupés et le terrain remis en exploitation.

 La sécheresse de 1893

Une année de grande sécheresse pour tout le pays. La neige tomba en abondance le 22 janvier, jour de la St Vincent,patron des vignerons ; elle dura 57 jours (1) et fondit seulement par le soleil : soleil le jour, gelée la nuit. Il y eut des gelées tardives qui gelèrent la vigne, source de profit pour la région et toujours pas de pluie. La fenaison fut très rapide, on mettait 2 Ha de prairies sur une voiture, les vaches et tout le peu de bétail n’avait rien à manger dans les pâtures. Le service des Eaux et Forets donna l’autorisation d’aller conduire le bétail pâturer dans les bois. Nos parents, jeunes enfants à l’époque s’en souviennent (2). Un orage vers la mi-juillet mit fin à cette sécheresse, permit aux pommes de terre de sortir de terre et fit pousser le regain. La vigne amie du soleil repoussa et fournit un vin d’une qualité exceptionnelle, précoce et fruité, renommé très longtemps. Raisins pressés et poussés en 100 jours.(3) Ce fut pour le vignoble une sorte de chant du cygne car il n’allait pas tardé à être ravagé par le phyloxéra, insecte importé d’Amérique, s’attaquant aux racines de la vigne et la faisant mourir. Cela ruina la population composé de petit vignerons ; ilfallut chercher un moyen de gagner sa vie. On trouva un pied américain résistant aux insectes qu’il fallait greffer, mais s’en était fini du vignoble dans notre village(4), chacun fit uniquement sa consommation familiale.

Note de JPG :

(1)jusqu’au 20 Mars

(2)pour ma génération, mes grands parents

(3)une sécheresse semblable survint à nouveau en 1977 : la dernière pluie tomba au cours d’un orage vers le 1° mai et dura jusque fin septembre. Les agriculteurs mirent en place un système de solidarité qui permit aux régions d’élevage d’importer de la paille à prix coûtant, venant des régions céréalière

(4)c’est à cette époque que l’essor de la mirabelle permit à la Lorraine de trouver une production de substitution. A la place des vignes détruites, on planta en gand nombre des mirabelliers. On appela les mirabelles « l’or de la Lorraine » JPEG - 51.6 ko


Commentaires

Navigation

Articles de la rubrique

  • Récit

Agenda

<<

2024

>>

<<

Mars

>>

Aujourd'hui

LuMaMeJeVeSaDi
26272829123
45678910
11121314151617
18192021222324
25262728293031
Aucun évènement à venir les 6 prochains mois

Annonces

annonces